Conséquence de la levée de l’interdiction de construire de nouvelles centrales nucléaires
la suppression prévue de l’interdiction de construire de nouvelles centrales nucléaires retarderait considérablement la transition énergétique en Suisse
Dans une analyse d’impact publiée aujourd’hui, la Fondation Énergie (SES) avertit que la suppression prévue de l’interdiction de construire de nouvelles centrales nucléaires retarderait considérablement la transition énergétique en Suisse et entraînerait des coûts considérables. L’étude modélise trois scénarios et conclut que la simple perspective d’une nouvelle centrale nucléaire freine les investissements dans les renouvelables et empêche d’atteindre leurs objectifs d’expansion.
Le Conseil fédéral envisage de supprimer l’interdiction de construire de nouvelles centrales nucléaires inscrite dans la loi sur l’énergie nucléaire afin de permettre la construction de nouvelles centrales à l’avenir. Dans son message au Parlement, il omet toutefois de fournir une analyse approfondie des répercussions directes de cette orientation politique au cours des 20 prochaines années, soit précisément la période pendant laquelle la transition énergétique doit être menée de toute urgence.
Évaluation des conséquences politiques selon plusieurs scénarios
L’étude « Évaluation des conséquences politiques de la levée de l’interdiction de construire de nouvelles centrales nucléaires » publiée aujourd’hui par la Fondation Énergie (SES) met en lumière cette lacune. À l’aide de trois scénarios, l’étude modélise les impacts sur les acteurs concernés, tels que les investisseurs, les développeurs de projets, les responsables politiques et les institutions publiques. Elle examine les conséquences d’une levée de l’interdiction de construire de nouvelles centrales nucléaires, depuis une situation sans projet de construction jusqu’à un scénario dans lequel des fonds publics sont réaffectés et mis à disposition pour la construction d’une nouvelle centrale nucléaire.
Les principales conclusions de l’analyse SES sont préoccupantes:
Frein aux investissements dans les énergies renouvelables : la suppression de l’interdiction et la vague perspective de nouvelles centrales nucléaires créent déjà une grande incertitude sur le marché. Cela freine fortement les investissements et ralentit le développement de l’énergie solaire, éolienne, hydraulique et des batteries de stockage au cours des 20 prochaines années.
Objectifs d’expansion manqués : dans tous les scénarios étudiés, la Suisse manque largement les objectifs ambitieux d’expansion des énergies renouvelables fixés dans la loi sur l’électricité de 2024. Dans le scénario le plus pessimiste, que la SES considère comme réaliste dans le cadre d’un projet de construction d’une nouvelle centrale nucléaire, le développement du photovoltaïque d’ici 2045 est inférieur de 30 % au scénario de référence actuel.
Explosion des coûts et transfert des subventions : lorsque des fonds publics – environ 0,5 centime par kilowattheure provenant du fonds pour les coûts supplémentaires liés au réseau – sont détournés vers la construction de nouvelles centrales nucléaires, ils ne sont plus disponibles pour promouvoir les énergies renouvelables peu coûteuses. Cela renchérit inutilement la transition énergétique et entraîne des retards considérables. Cela remet également en question la sécurité d’approvisionnement.
Nils Epprecht, directeur général de la Fondation Énergie, résume les résultats : « Notre analyse d’impact politique montre clairement que la levée de l’interdiction de construire de nouvelles centrales nucléaires n’est pas une option à long terme, mais un blocage immédiat de la transition énergétique. Nous ne pouvons pas nous permettre de mettre en péril la solution la moins coûteuse et la plus rapide – le développement des énergies renouvelables – uniquement pour ouvrir une brèche à une aventure nucléaire incertaine dans un avenir lointain. »
Les centrales nucléaires et les énergies renouvelables sont incompatibles
L’étude constate que la construction de nouvelles centrales nucléaires est soumise à des incertitudes extrêmement élevées, non seulement sur le plan technologique, mais surtout sur les plans réglementaire, financier et temporel. Ces incertitudes ont un impact direct sur le développement des énergies renouvelables sûres et prévisibles. La Suisse a aujourd’hui besoin d’une politique énergétique claire et fiable, qui mise sur le développement rapide des énergies solaire, éolienne et hydraulique, propres et indigènes.
Nils Epprecht ajoute : « Les responsables politiques doivent reconnaître que les nouvelles centrales nucléaires et le développement nécessaire et accéléré des énergies renouvelables sont incompatibles. Chaque franc investi dans un projet de centrale nucléaire – ou simplement dans le débat à ce sujet – est un franc qui manque pour rendre notre énergie rapidement renouvelable et indépendante. Et cela met en péril les objectifs d’expansion ».
L’interdiction de construire de nouvelles centrales nucléaires sécurise la planification et préserve les objectifs d’expansion
La SES invite instamment le Parlement fédéral à maintenir l’interdiction légale de construire de nouvelles installations nucléaires. Cette mesure est essentielle pour garantir la sécurité de la planification nécessaire à l’atteinte des objectifs d’expansion de la transition énergétique fixés par la population. Elle permet également de protéger les investissements dans la production décentralisée d’énergie renouvelable dans les années à venir.
Contact
Nils Epprecht
Directeur de la Fondation Energie
T.: +41 77 455 99 79, nils.epprecht@energiestiftung.ch