Journée de l’indépendance énergétique 2025

À partir du 19 avril 2025, nous dépendons des importations énergétiques étrangères pour le reste de l’année.

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Photovoltaik-Anlage am Swiss Mill Tower, am Montag (25.3.2024) in Zürich.

Document original écrit en allemand. Version française traduite pas DeepL.com (version Pro). Relecture par la Fondation Énergie.

Résumé

Le samedi 19 avril 2025 marque la Journée de l’indépendance énergétique de la Suisse. Si l’on représente la consommation énergétique de la Suisse sous forme d’année civile, nous ne nous approvisionnons en énergie produite dans le pays que jusqu’au 19 avril. Ensuite, nous dépendons des importations énergétiques étrangères pour le reste de l’année. Certes, la Journée de l’indépendance énergétique a tendance à reculer légèrement chaque année. Mais la Suisse reste, en comparaison européenne, plus dépendante que la moyenne des importations d’énergie. Celles-ci proviennent certes majoritairement des pays membres de l’UE, mais les énergies fossiles et nucléaires ont en grande partie leur origine dans les pays du Proche-Orient, du Moyen-Orient et de l’ancienne Union soviétique, ainsi qu’aux États-Unis, en Norvège et au Royaume-Uni. Grâce à la transition énergétique, l’indépendance énergétique peut être renforcée en réduisant la consommation d’énergie grâce à des économies, en augmentant la production d’énergie nationale grâce au développement de la production d’électricité et de chaleur, et en réduisant les importations grâce à la sortie des énergies fossiles et du nucléaire. L’UE restera néanmoins un partenaire commercial important pour les échanges énergétiques, mais à l’avenir, il s’agira simplement d’électricité renouvelable produite localement dans les États membres de l’UE.

1. Dépendance énergétique vis-à-vis de l’étranger

L’approvisionnement énergétique de la Suisse se caractérise par une forte dépendance vis-à-vis de l’étranger. Plus des deux tiers de l’énergie consommée dans notre pays sont importés, notamment tous les produits pétroliers, le gaz naturel et l’uranium. Pour ces importations, nous versons en moyenne près de 11 milliards de francs par an à l’étranger – après déduction des exportations, il reste tout de même 8 milliards de francs [1].

Une forte dépendance vis-à-vis de l’étranger peut être problématique. En effet, l’approvisionnement en énergie est vital pour la population, les entreprises et la société. La forte dépendance vis-à-vis des importations d’énergie rend notre économie vulnérable, en particulier dans le contexte de crises internationales. De plus, l’achat de sources d’énergie étrangères nous place dans un dilemme, car les gisements de pétrole et de gaz naturel les plus faciles à exploiter, et donc souvent les moins chers, se trouvent dans des États autoritaires, tandis que le pétrole brut, mais aussi le gaz naturel provenant des États-Unis, sont souvent produits par fracturation hydraulique, ce qui a un impact environnemental important.

2. Journée de l’indépendance énergétique

La « journée de l’indépendance énergétique » symbolise la forte dépendance vis-à-vis de l’étranger en matière d’approvisionnement énergétique. Le calcul de cette date indique jusqu’à quel jour de l’année la Suisse est indépendante de l’étranger ou, en d’autres termes, jusqu’à quand les sources d’énergie nationales suffiraient si elles avaient été les seules utilisées depuis le début de l’année. À partir de cette date, nous vivons à crédit en matière d’approvisionnement énergétique et dépendons donc de l’étranger pour faire fonctionner nos voitures, nos chauffages et notre industrie.

Le calcul de la journée de l’indépendance énergétique est basé sur la statistique globale suisse de l’énergie 2023 de l’Office fédéral de l’énergie (OFEN) [2]. En 2023, l’excédent d’importation de sources d’énergie, y compris les combustibles nucléaires, s’élevait à 73,2 %.

En revanche, la part de la production nationale de sources d’énergie primaires s’élevait à 28,8 % en 2023. Ce taux d’indépendance énergétique de 28,8 %, converti sur une année de 365 jours, signifie que l’énergie produite localement en 2023 a été épuisée après 106 jours, soit le 16 avril 2023. Selon les calculs de la Fondation suisse pour l’énergie, cette date butoir était fixée au 17 avril en 2024.

Comme aucune donnée n’est encore disponible pour l’année 2025, la date de l’indépendance énergétique pour cette année a été calculée en extrapolant de manière linéaire jusqu’en 2025 l’évolution de la part de la production nationale de sources d’énergie primaires dans la consommation totale d’énergie nationale entre 2014 et 2023 [3]. Il en résulte une production nationale de 29,64 % pour l’année 2025. La journée de l’indépendance énergétique tombe donc cette année le 19 avril 2025.

Le même calcul, basé sur une extrapolation linéaire, a également été effectué pour les 27 États membres de l’UE à partir des données d’Eurostat [4].

3. L’indépendance énergétique en comparaison européenne

La comparaison entre la Suisse et les 27 États membres de l’UE en ce qui concerne la date de l’indépendance énergétique en 2025 montre que la Suisse dispose d’un potentiel important pour repousser encore cette date et réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis de l’étranger (voir illustration 1).

Le taux d’indépendance énergétique indique la part des sources d’énergie nationales dans la consommation intérieure brute d’une économie. Parmi les pays européens considérés, c’est l’Estonie qui affiche de loin le taux d’indépendance énergétique le plus élevé pour 2025, avec plus de 98 %. Concrètement, cela signifie que l’Estonie n’utilise pratiquement que des sources d’énergie nationales pendant toute l’année. La Lettonie, la Roumanie et la Suède affichent également un taux d’indépendance relativement élevé, supérieur à 50 %. Avec un taux d’indépendance énergétique calculé à près de 30 %, la Suisse se situe dans la moyenne européenne.

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Taux d’indépendance énergétique calculé en pourcentage et jour de l’indépendance énergétique des États membres de l’UE et de la Suisse, 2025.

4. Déplacement du jour d’indépendance énergétique

Les statistiques montrent que la Suisse a pu augmenter son indépendance énergétique vis-à-vis de l’étranger de 20 % en 2001 à près de 29 % en 2023, repoussant ainsi la date d’indépendance énergétique de la mi-mars à avril (voir illustration 2). La série de données montre que l’indépendance énergétique est influencée par des événements et des évolutions à court terme. Ainsi, les années 2020 et 2021, marquées par la pandémie de coronavirus, affichent une indépendance énergétique plus élevée en raison de la mobilité limitée et de la baisse des besoins en combustibles fossiles étrangers. En 2022, la mobilité a de nouveau augmenté. De plus, l’hiver rigoureux a entraîné une hausse des besoins en combustibles fossiles importés.

La tendance générale des dernières décennies est toutefois claire : grâce à l’utilisation accrue des ressources renouvelables indigènes, l’indépendance énergétique augmente. Toutefois, afin d’accroître l’indépendance énergétique à long terme et donc la résilience de la sécurité d’approvisionnement, des mesures efficaces sont encore nécessaires pour augmenter la production énergétique nationale et réduire la demande en sources d’énergie étrangères. Cela permettra de repousser encore davantage la journée de l’indépendance  énergétique en automne. 

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De manière générale, on peut affirmer que la réduction de la consommation d’énergie grâce à des mesures d’efficacité et de suffisance énergétiques et le développement de la production nationale d’énergie renouvelable réduisent la dépendance vis-à-vis de l’étranger et ont un impact positif sur la sécurité d’approvisionnement.

5. Pays d’origine de l’approvisionnement énergétique suisse

En 2023, l’approvisionnement énergétique de la Suisse dépendait donc pour plus des deux tiers des importations. Selon les statistiques douanières, la part du lion, soit plus de 87 %, provenait des pays membres de l’UE (voir tableau 1) [6]. La Suisse a ainsi importé pour près de 11,5 milliards de francs de sources d’énergie en provenance de l’UE. Près de la moitié de ce montant concernait des produits pétroliers tels que l’essence, le diesel et le mazout. Environ un tiers a été importé sous forme d’électricité. En 2023, la Suisse a importé pour près de 2 milliards de francs de gaz naturel de l’UE et les exploitants des centrales nucléaires suisses ont versé environ 140 millions de francs à l’UE pour les combustibles nucléaires. Mais la Suisse a également exporté pour près de 5 milliards de francs de sources d’énergie vers l’UE, principalement de l’électricité.

En 2023, la Suisse a principalement importé du pétrole brut et des produits pétroliers d’autres pays, ainsi que, dans une moindre mesure, du gaz naturel. Il convient ici de souligner le rôle des États-Unis et du Nigeria, qui ont fourni respectivement 55 % et 32 % du pétrole brut total importé en Suisse en 2023. L’Algérie, la Libye et le Kazakhstan ont également joué un rôle mineur.

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Différentes sources d’énergie ; volume des échanges commerciaux de la Suisse par région en millions de CHF [7].

Selon les statistiques douanières, la Suisse est fortement dépendante de l’UE pour ses importations d’énergie. Cependant, ces statistiques n’indiquent pas l’origine des sources d’énergie, mais leur dernière étape avant leur importation en Suisse. Dans le cas de la Suisse, celles-ci se trouvent principalement dans l’UE. À l’exception de l’électricité, les États membres de l’UE ne sont toutefois que très peu présents à l’origine de ces sources d’énergie. Ces dernières années, le taux d’importation des sources d’énergie dans l’UE a oscillé autour de 70 %. Jusqu’à la guerre en Ukraine, la Russie était le principal fournisseur de tous les produits énergétiques fossiles primaires (houille, pétrole brut et gaz naturel) de l’UE [8]. Depuis lors, les importations d’énergies fossiles ont été largement diversifiées en raison des sanctions contre la Russie. Le pétrole brut provient désormais de nombreux pays différents. Outre les États-Unis et la Norvège, il s’agit notamment de l’Arabie saoudite, de l’Irak, du Kazakhstan, du Royaume-Uni et de la Libye. Le gaz naturel importé dans l’UE provient principalement de Norvège, suivie des États-Unis et de l’Algérie. La Russie, mais aussi le Qatar et l’Azerbaïdjan, continuent de fournir du gaz naturel en quantités moindres. L’approvisionnement en pétrole brut et en gaz naturel de l’UE est aujourd’hui relativement diversifié. On ne sait pas encore s’il le restera à l’avenir. Le président américain Donald Trump fait actuellement pression sur l’UE pour qu’elle importe davantage d’énergies fossiles en provenance des États-Unis [9]

En raison de l’absence de gisements d’uranium, les matières premières nécessaires à la fabrication des barres de combustible nucléaire doivent également être importées en Europe depuis des pays hors UE. En 2023, quatre pays ont joué un rôle important à cet égard. Un tiers des importations d’uranium dans l’UE provenait du Canada, environ un quart de Russie, un cinquième du Kazakhstan et près de 15 % du Niger [10]. L’origine des barres de combustible finalement utilisées en Suisse n’est pas tout à fait claire d’après les statistiques douanières. Cependant, environ 45 % de l’électricité produite par les centrales nucléaires suisses provient actuellement d’uranium russe [11]. L’exploitant des centrales nucléaires concernées a toutefois déjà annoncé qu’à l’avenir, l’uranium provenant des mines canadiennes et kazakhes serait utilisé [12].

Conclusion

L’approvisionnement énergétique de la Suisse reste aujourd’hui largement dépendant de l’étranger, comme le montre clairement la journée de l’indépendance énergétique. Certes, l’indépendance énergétique de la Suisse s’est constamment améliorée ces dernières années. Mais les bouleversements sur les marchés internationaux de l’énergie ces dernières années ont également mis en évidence la vulnérabilité de l’approvisionnement énergétique suisse et les conséquences de la dépendance aux énergies fossiles.

La transition énergétique rendra la Suisse moins dépendante des sources d’énergie étrangères. En effet, les importations de combustibles fossiles et d’énergie nucléaire diminueront, la consommation d’énergie globale baissera et une part croissante de l’approvisionnement énergétique proviendra de sources d’énergie renouvelables nationales. Les échanges avec les États membres de l’UE resteront néanmoins d’une importance capitale. En effet, l’approvisionnement électrique de la Suisse est étroitement lié à celui des pays voisins. L’accord sur l’électricité conclu avec l’UE permettra également à la Suisse de mieux s’intégrer sur le plan institutionnel et de rendre ainsi son approvisionnement électrique plus sûr et moins coûteux. La Suisse pourra ainsi, avec ses voisins européens, devenir moins dépendante des importations d’énergies polluantes provenant de pays douteux au regard du droit international.

Commentaires et sources

[1] Moyenne calculée de 2014 à 2024. Chaque année, les importations nettes d’énergies fossiles et nucléaires ont représenté en moyenne 7,896 milliards de francs.

Source des données : Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières OFDF (2025). Statistique du commerce extérieur de la Suisse – Chiffres clés 2024. Série chronologique de 2014 à 2024 consultée sur : https://www.gate.ezv.admin.ch/swissimpex/ le 08.04.2025. Les types de marchandises utilisés sont 02.1.1 Charbon, 02.2.1-02.2.5 Pétrole et distillats (sans lubrifiants) et 02.3 Gaz, ainsi que 8401.3000 Éléments combustibles [cartouches], non irradiés, pour réacteurs nucléaires.

[2] OFEN (2024). Statistique globale suisse de l’énergie 2023. Office fédéral de l’énergie OFEN : Berne ; page 15, tableau 8. Consulté sur : https://www.bfe.admin.ch/bfe/de/home/versorgung/statistik-und-geodaten/energiestatistiken/gesamtenergiestatistik.html (état au 11/03/2025).

[3] Le graphique ci-dessous montre le taux d’indépendance énergétique, c’est-à-dire la part nationale des sources d’énergie primaire de 2014 à 2023, et l’extrapolation linéaire jusqu’en 2025.

Source des données pour la Suisse: voir [2].

[4] Le taux d’indépendance énergétique des États membres de l’UE est calculé à partir de différents ensembles de données partiales fournis par Eurostat. La base utilisée est la base de données sur les bilans énergétiques complets (« Complete Energy Balances »). Celle-ci permet d’extraire les données annuelles relatives aux importations, aux exportations et à l’énergie brute disponible (« Gross available Energy »). Toutefois, Eurostat ne déclare pas les combustibles nucléaires comme des importations, mais comme des sources d’énergie produites dans le pays. Comme aucun État membre de l’UE ne dispose de gisements d’uranium, ceux-ci sont toujours importés de l’extérieur. Pour la présente étude, les combustibles nucléaires, qui sont répertoriés par Eurostat comme « chaleur nucléaire » (« nuclear heat ») sont donc ajoutés aux importations. La dépendance vis-à-vis des importations d’énergie est calculée selon la formule suivante:

𝐼𝑚𝑝𝑜𝑟𝑡𝑒𝐾𝑒𝑟𝑛𝑏𝑟𝑒𝑛𝑛𝑠𝑡𝑜𝑓𝑓𝑒  − 𝐸𝑥𝑝𝑜𝑟𝑡𝑒
𝐸𝑛𝑒𝑟𝑔𝑖𝑒𝑖𝑚𝑝𝑜𝑟𝑡𝑎𝑏ℎä𝑛𝑔𝑖𝑔𝑘𝑒𝑖𝑡 = 𝐵𝑟𝑢𝑡𝑡𝑜 𝑣𝑒𝑟𝑓ü𝑔𝑏𝑎𝑟𝑒 𝐸𝑛𝑒𝑟𝑔𝑖𝑒
Pour l’année 2025, les données des années 2014 à 2023 sont extrapolées. Source des données : Eurostat (2025). Bilans énergétiques complets. Consulté sur:

https://ec.europa.eu/eurostat/databrowser/view/nrg_bal_c/default/table?category=nrg.nr g_quant.nrg_quanta.nrg_bal (état au 31/03/2025).

[5] Calculé à partir des données de [2]. Comme ces données officielles ne vont que jusqu’en 2023, le graphique ne présente les valeurs caractéristiques de la dépendance énergétique de la Suisse que jusqu’en 2023.

[6] Source des données : Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières OFDF (2025). Statistique du commerce extérieur de la Suisse – Chiffres clés 2023. Consulté sur : https://www.gate.ezv.admin.ch/swissimpex/ le 08.04.2025. Les types de marchandises utilisés sont 02.1.1 Charbon, 02.1.2 bois de chauffage, 02.2.1-02.2.5 pétrole et distillats (sans lubrifiants), 02.3 gaz et 02.4 électricité, ainsi que 8401.3000 éléments combustibles [cartouches], non irradiés, pour réacteurs nucléaires.

[7] Voir [6].

[8] Sources des données:
Eurostat (2025). Importations de gaz naturel par pays partenaire. Consulté sur : https://ec.europa.eu/eurostat/databrowser/view/nrg_ti_gas custom_10558918/default/ bar?lang=en (état au 04/04/2025)
Eurostat (2025). Importations de pétrole et de produits pétroliers par pays partenaire. Consulté sur : https://ec.europa.eu/eurostat/databrowser/view/nrg_ti_oil custom_10559117/default/b ar?lang=en (état au 04/04/2025).

[9] Belser, Jannik (2025). Les Européens doivent acheter davantage de pétrole et de gaz américains. Neue Zürcher Zeitung du 9 avril 2025.

[10] Agence d’approvisionnement d’Euratom (2025). Observatoire du marché. Consulté sur : https://euratom-supply.ec.europa.eu/activities/market-observatory_en (état au 08/04/2025).

[11] Fondation suisse pour l’énergie SES (2024). Rosatom et la Suisse – Dépendance à l’égard de l’uranium russe. Consulté sur https://energiestiftung.ch/studie/rosatom-und-die-schweiz (état au 08/04/2025).

[12] Axpo (2025). Axpo signe de nouveaux contrats de fourniture de combustible pour ses centrales nucléaires. Communiqué de presse du 17 février 2025. Consulté sur https://www.axpo.com/ch/de/newsroom/medienmitteilungen/2025/axpo-signs-new-fuel-contracts-for-nuclear-power-plants-.html (état au 08.04.2025).

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