Dès le 19 avril, la Suisse vivra à crédit

Les ressources indigènes ne suffisent à couvrir les besoins énergétiques de la Suisse que jusqu’au samedi 19 avril.

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Les ressources indigènes ne suffisent à couvrir les besoins énergétiques de la Suisse que jusqu’au samedi 19 avril. Au-delà de cette date, le pays dépend des importations d’énergies telles que le pétrole, le gaz ou l’uranium, comme le révèle une étude de la Fondation suisse de l’énergie (SES). Le développement des énergies renouvelables représente une opportunité majeure : il permettrait de repousser progressivement cette date vers une plus grande indépendance énergétique tout en renforçant l’autonomie énergétique du pays. De plus, il favoriserait des importations énergétiques depuis l’Europe plutôt que depuis des pays lointains.

La Suisse dépend fortement de l’étranger pour son approvisionnement énergétique. Plus de 70% de l’énergie est importée, notamment sous forme de produits pétroliers, de gaz naturel et de combustibles nucléaires. Chaque année, la Suisse dépense en moyenne nette près de huit milliards de francs pour ces importations. La « journée de l’indépendance énergétique » symbolise cette dépendance. Inspirée du concept du « jour du dépassement » pour les ressources naturelles, elle marque la date à laquelle les sources d’énergie indigènes auraient été épuisées si l’on s’était exclusivement appuyé sur elles depuis le 1er janvier. Passé ce jour, la population suisse vit à crédit sur le plan énergétique et devient entièrement tributaire des importations étrangères. 

La Suisse dans la moyenne européenne en matière d’indépendance énergétique

Avec un taux d’indépendance énergétique estimé à 29,6% en 2025, la Suisse se situe dans la moyenne des pays européens. En tête du classement figure l’Estonie, avec un taux de plus de 98% (voir graphique 1). À l’autre extrémité, la Belgique, Chypre et Malte affichent les plus faibles niveaux d’indépendance énergétique, égaux ou inférieurs à 10%.

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Datenquellen: Eurostat (2025). Complete Energy Balances; BFE (2024). Schweizerische Gesamtenergiestatistik 2023.
Une plus grande indépendance est possible

Au cours des vingt dernières années, la Suisse a progressivement renforcé son indépendance énergétique, passant de moins de 20% au début des années 2000 à près de 29% en 2023 (voir graphique 2). Cette progression s’explique par la baisse de la consommation d’énergies fossiles importées, ainsi que par le développement de la production nationale d’électricité et de chaleur issues de sources renouvelables. La poursuite de la transition vers un approvisionnement énergétique durable et respectueux du climat contribuera encore davantage à renforcer l’indépendance énergétique de la Suisse. 

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Datenquelle: Bundesamt für Energie (2024). Schweizerische Gesamtenergiestatistik 2023.
Plus d’indépendance vis-à-vis des pays hors d’Europe

En 2023, la majeure partie des importations énergétiques suisses – plus de 87% – provenait de pays membres de l’Union européenne. Cela concerne notamment une grande partie des importations de pétrole et de gaz, ainsi que l’ensemble des combustibles nucléaires et de l’électricité. Toutefois, ces chiffres masquent une réalité importante : à l’exception de l’électricité, les États de l’UE jouent essentiellement un rôle de transit. Ils ne sont que marginalement impliqués dans la production des sources d’énergie importées. En réalité, les énergies fossiles et nucléaires importées en Suisse à travers l’Union européenne proviennent en grande partie du Moyen-Orient, d’Asie occidentale, de l’ex-Union soviétique, mais aussi des États-Unis, de la Norvège et du Royaume-Uni. À titre d’exemple, les barres de combustible nucléaire utilisées en Suisse contiennent encore, en proportion significative, de l’uranium d’origine russe.

Léonore Hälg, responsable du domaine climat et énergies renouvelables à la Fondation suisse de l’énergie (SES), résume : « La transition énergétique permet de renforcer l’indépendance énergétique de la Suisse. L’Union européenne restera néanmoins un partenaire commercial essentiel pour les échanges d’énergie – à l’avenir sous forme d’électricité renouvelable, produite localement dans les pays membres de l’UE. L’accord sur l’électricité jouera ici un rôle déterminant. »

Contact

Léonore Hälg
responsable du domaine climat et énergies renouvelables
T: 044 275 21 24, leonore.haelg@energiestiftung.ch

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