Loi sur le nucléaire – coûteuse, dangereuse et inefficace

Le Parlement doit dire non aux nouvelles centrales

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Malgré de nombreuses critiques exprimées lors de la consultation publique, le Conseil fédéral maintient son projet d’appliquer par anticipation l’initiative pour le retour du nucléaire via une modification législative. Il veut ainsi ouvrir la voie à la construction de nouvelles centrales nucléaires en Suisse. Or, ces centrales entrent en concurrence directe avec les énergies renouvelables, sabotent leur développement, engendrent des coûts de plusieurs milliards, créent des dépendances et représentent un risque important pour la sécurité. La Fondation Suisse de l’Énergie appelle le Parlement à abandonner cette impasse et à rejeter à la fois l’initiative et son contre-projet.

La population suisse s’est déjà clairement prononcée à plusieurs reprises: en 2017, elle a adopté la Stratégie énergétique 2050, actant la sortie progressive du nucléaire. En juin 2024, elle a confirmé cette orientation par une large approbation de la loi sur l’électricité. La consultation sur la loi sur le nucléaire confirme également que la majorité des cantons, partis politiques et associations rejettent l’initiative ainsi que le changement de cap voulu par le Conseil fédéral, qui vise à autoriser la construction de nouvelles centrales. Malgré cela, le Conseil fédéral a transmis aujourd’hui son projet de loi au Parlement, présenté comme un contre-projet à l’initiative.

Les nouvelles centrales nucléaires sabotent la transition énergétique

«Le Conseil fédéral opère un changement majeur de politique énergétique – sans plan ni nécessité», dénonce Nils Epprecht, directeur de la Fondation Suisse de l’Énergie. Les centrales ne pourraient être opérationnelles qu’à partir de 2050 au plus tôt et ne contribuent en rien aux objectifs climatiques. Au contraire, elles ralentissent le développement urgent des énergies renouvelables: chaque franc investi dans le nucléaire est un franc de moins pour le solaire, l’éolien et l’hydroélectricité. Le simple débat politique autour de ces nouvelles centrales mobilise déjà des ressources et freine les investissements dans les renouvelables.

La Suisse doit au contraire appliquer pleinement la loi sur l’électricité, ce qui lui permettrait dès 2035 de couvrir entièrement ses besoins en électricité grâce aux renouvelables tout en renforçant la résilience de son système électrique par une production diversifiée et décentralisée. Les centrales nucléaires ne sont plus compatibles avec un système électrique renouvelable et variable.

Un gouffre financier sans plan de financement

Le Conseil fédéral passe sous silence les coûts exorbitants: la construction d’une nouvelle centrale coûte plusieurs milliards, comme le montrent les projets en cours en Europe. «Sans subventions massives, aucune centrale ne verra le jour», souligne Nils Epprecht. «Le Conseil fédéral ne parle pas du financement, alors qu’il est clair que ces milliards seront prélevés directement sur le soutien aux énergies renouvelables et pèseront lourdement sur les contribuables.»

Aujourd’hui déjà, l’électricité issue de nouvelles centrales est trois à quatre fois plus chère que celle produite par les énergies renouvelables, un écart qui ne fera que s’accentuer avec le développement croissant des renouvelables en Suisse et en Europe.

Risques sécuritaires, impacts environnementaux et déchets non résolus

Les centrales nucléaires nous rendent vulnérables. Un accident grave, une catastrophe naturelle, un sabotage ou une cyberattaque pourraient avoir des conséquences catastrophiques pour la Suisse, pays densément peuplé, ainsi que pour son environnement. L’énergie nucléaire présente un bilan environnemental négatif: sa construction, son exploitation et son démantèlement requièrent d’importantes ressources. L’extraction de l’uranium détruit des habitats naturels, dégrade les territoires et menace la santé des populations. Le stockage des déchets radioactifs reste non résolu, avec des coûts et des risques majeurs à long terme pour les générations futures.

De nouvelles dépendances au détriment de la souveraineté

Construire de nouvelles centrales maintiendrait la Suisse dans une dépendance aux importations d’uranium, issues de filières douteuses. «Plutôt que de miser sur la diversification et l’autonomie via les énergies renouvelables locales, la Suisse s’exposerait à de nouvelles dépendances et au chantage», met en garde Nils Epprecht. Ce risque sécuritaire est inacceptable d’autant que des alternatives existent déjà pour assurer l’approvisionnement électrique.

Le Parlement doit corriger le cap

La Fondation appelle le Parlement à rejeter à la fois l’initiative pour le retour du nucléaire et la loi sur le nucléaire. Pour cela, elle lance une campagne nationale visible notamment par une action de mobilisation avec des drapeaux permettant d’affirmer clairement le message: non au retour du nucléaire.

Informations supplémentaires

Communiqué de presse du 14 février 2025 concernant la consultation sur l’initiative nucléaire et la loi sur l’énergie nucléaire (contre-projet du Conseil fédéral; en allemand seulement)

Contact

Nils Epprecht
Directeur de la Fondation Énergie
T: +41 44 275 21 21, nils.epprecht@energiestiftung.ch

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