Rosatom et la Suisse – notre dépendance à l’uranium russe
La Suisse est, via le groupe nucléaire russe Rosatom, incroyablement dépendante de la Russie pour son approvisionnement en électricité.
Document original écrit en allemand. Version française traduite pas DeepL.com (version Pro). Relecture par la Fondation Énergie.
Table des matières
- 1. Introduction
- 2. Rosatom dans le monde
- 2.1 Extraction d’uranium
- 2.1.1 Conversion et enrichissement
- 2.1.2 Approvisionnement et commerce de combustible
- 2.1.3 Autres responsabilités de Rosatom
- 2.2 Conclusion intermédiaire
- 3. Rosatom en Suisse
- 3.1 Approvisionnement en combustible
- 3.2 Quantités et valeurs importées
- 3.3 Relations commerciales
- 4. Conclusion
- Notes
1. Introduction
La Suisse débat de son approvisionnement énergétique futur. Le débat sur le nucléaire refait soudainement surface. L’un des arguments régulièrement avancés par les partisans des centrales nucléaires concerne l’indépendance vis-à-vis de l’étranger: il ne faut pas devenir dépendant des importations d’électricité. Cet argument ignore le fait évident que l’industrie nucléaire est justement dépendante à 100 % des importations de combustible provenant de l’étranger. Dans le sillage de l’attaque russe contre l’Ukraine, on a toutefois pris conscience de la position dominante des entreprises russes dans la chaîne d’approvisionnement en combustible nucléaire des centrales nucléaires suisses.
La présente analyse résume l’état actuel des connaissances et contextualise les données disponibles issues des statistiques commerciales et des rapports techniques et financiers. Il en résulte une analyse approfondie des données qui retrace en détail les relations entre le groupe nucléaire russe Rosatom et la Suisse. Outre des ensembles de données complets, l’analyse s’appuie sur des rapports et des études récents concernant l’importance de Rosatom, son pouvoir économique, politique et militaire.
Le rapport est divisé en deux parties: Rosatom dans le monde et Rosatom en Suisse. La première partie décrit le rôle de Rosatom dans l’industrie nucléaire mondiale. Elle explique également pourquoi Rosatom n’est pas un partenaire commercial comme les autres et dans quelle mesure le groupe assume des responsabilités militaires. Alors que Rosatom est actif et parfois dominant tout au long de la chaîne de valeur nucléaire mondiale, ses activités en Suisse se limitent à la fourniture de combustible et au commerce de matières premières. Ces deux domaines d’activité ont toutefois des implications considérables pour la Suisse et son industrie nucléaire. Il en résulte une dépendance incroyable de la Suisse vis-à-vis de la Russie pour son approvisionnement en électricité.
2. Rosatom dans le monde
Rosatom est une entreprise publique qui regroupe plus de 460 sociétés et emploie environ 360 000 personnes.[1] Elle est responsable du programme nucléaire militaire et civil de la Russie. [2] L’entreprise publique peut être considérée comme l’héritière institutionnelle du ministère soviétique de l’Énergie atomique et, à ce titre, elle est directement subordonnée au gouvernement russe. Rosatom est active bien au-delà des frontières de la Russie. Elle joue un rôle particulièrement important dans les domaines de l’extraction, de la conversion et de l’enrichissement de l’uranium, de la production, de la fourniture et du commerce de combustible, ainsi que dans la construction de centrales nucléaires à l’étranger.[3]
En tant que groupe actif à l’échelle mondiale, Rosatom est présent tout au long de la chaîne de valeur nucléaire et fait partie des acteurs centraux du secteur nucléaire mondial, avec des activités dans plus de 50 pays. [4] En outre, le groupe est responsable du plus grand arsenal nucléaire au monde. [5] Rosatom joue un rôle à la fois direct et indirect dans la guerre en Ukraine. [6] D’une part, Rosatom a manifestement fourni des technologies à l’armée russe, était vraisemblablement présent lors de l’occupation temporaire du site de Tchernobyl et est responsable de la centrale nucléaire occupée de Zaporizhija, ce qui sert à la fois au chantage nucléaire et au sabotage concret de l’approvisionnement énergétique ukrainien. [7] D’autre part, depuis le début de la guerre, Rosatom s’est massivement étendu à des domaines non nucléaires et est soupçonné à juste titre d’aider à contourner les sanctions. [8] À l’exception de la société Atomflot, Rosatom ne figure pas sur la liste des sanctions de l’Union européenne et donc pas non plus sur celle de la Suisse. [9] Aux États-Unis, l’importation de produits russes à base d’uranium est interdite depuis le 12 août 2024. [10] Le Royaume-Uni a jusqu’à présent sanctionné certaines institutions et certains membres de la direction de Rosatom. [11]
2.1 Extraction d’uranium
Atomredmetzoloto, JSC, (ARMZ Uranium Holding Co.) est la division minière d’uranium de Rosatom et donc l’organisme institutionnel qui chapeaute les activités russes dans le domaine de l’extraction d’uranium. En 2022, ARMZ a réalisé un chiffre d’affaires d’environ 250 millions de francs suisses (24,7 milliards de roubles).[12] D’une part, ARMZ exploite des mines d’uranium en Russie et, d’autre part, elle a racheté la société canadienne « Uranium One », par l’intermédiaire de laquelle Rosatom détient des participations dans des mines d’uranium au Kazakhstan, aux États-Unis et dans une mine encore en phase de projet en Tanzanie.[13]
Via ARMZ et Uranium One, Rosatom contrôlait environ 14 % de l’exploitation minière mondiale d’uranium en 2022. [14] La Russie était ainsi le troisième producteur mondial d’uranium, derrière le Kazakhstan (Kazatomprom) et la Chine (CGN ; CNNC).[15] Cependant, la filiale de Rosatom, Uranium One, a acquis en 2022 d’autres participations importantes dans des mines kazakhes, ce qui devrait faire du groupe Rosatom le deuxième plus grand fournisseur mondial d’uranium – les chiffres pour 2023 n’ayant pas encore été publiés.[16]
Au total, l’industrie nucléaire russe consomme environ 5000 à 5500 tonnes d’uranium par an et en exporte environ 2500 tonnes supplémentaires vers les États-Unis et l’Europe.[17] Pour répondre à cette demande avec une production annuelle d’environ 7 000 tonnes, la Russie doit également recourir à des sources d’uranium secondaires, par exemple l’hexafluorure d’uranium appauvri issu de productions antérieures.[18]
2.1.1 Conversion et enrichissement
La division combustible de Rosatom s’appelle TVEL. Cette entreprise propose des services de conversion et d’enrichissement d’uranium ainsi que de fabrication et de livraison d’éléments combustibles, bien au-delà des frontières russes. En 2022, TVEL a réalisé un chiffre d’affaires d’environ 2,7 milliards de francs suisses (271 milliards de roubles). [19] La Russie dispose des plus grandes capacités de conversion d’uranium, les installations de conversion françaises et américaines ne fonctionnant actuellement qu’à capacité partielle, une situation qui devrait changer dans les années à venir. Grâce à ses diverses participations, TVEL occupe la première place mondiale dans le domaine de l’enrichissement d’uranium, avec une part de marché de 36 %.[20]
2.1.2 Approvisionnement et commerce de combustible
TVEL fournit du combustible aux centrales nucléaires nationales et étrangères. Depuis le début de la guerre d’agression contre l’Ukraine, plusieurs pays ont cessé d’acheter du combustible TVEL, notamment l’Ukraine elle-même et la Suède [21]. Néanmoins, la dépendance au combustible russe persiste, en particulier dans les pays d’Europe de l’Est qui exploitent des réacteurs de conception russe.[22]
Il est important de constater qu’en 2023, les importations vers les États-Unis et l’UE (l’uranium russe arrive finalement aussi en Suisse via l’Allemagne) n’ont pas diminué, mais ont au contraire considérablement augmenté. Une analyse des données réalisée par Bellona est arrivée à la conclusion suivante pour l’UE: « alors que les pays de l’UE ont dépensé au total 280 millions d’euros pour du combustible nucléaire russe en 2022, ce montant a plus que doublé l’année dernière pour atteindre 686 millions d’euros. Cela représente une augmentation de 314 tonnes de combustible nucléaire à 573 tonnes. »[23]. Selon les chiffres du ministère russe du Commerce, les États-Unis ont quant à eux acheté pour 1,2 milliard de dollars de combustible nucléaire à la Russie en 2023, comme l’a rapporté l’agence de presse russe TASS. [24] Selon Bellona les importations américaines d’uranium s’élèvent à 702 tonnes en 2023.[25] En avril 2024, les deux chambres du Parlement américain se sont prononcées en faveur d’une interdiction des importations d’uranium en provenance de Russie.[26] Dès 2024, le volume des importations devrait être plafonné à un niveau nettement inférieur à celui de 2023.[27] La loi est entrée en vigueur le 12 août 2024.
Le groupe Rosatom est de loin le fournisseur de centrales nucléaires le plus actif pour les clients étrangers. Avec des projets de construction en Turquie, en Slovaquie, au Bangladesh, en Égypte, en Chine, en Biélorussie et en Iran, Rosatom crée de nouvelles dépendances pour la commercialisation de ses propres combustibles.[28] En Europe, la participation de TVEL dans l’usine de fabrication de combustible nucléaire de Lingen, en Allemagne, fait actuellement l’objet de discussions. Cette usine appartient à une filiale de la société française Framatome et doit être agrandie avec l’aide de TVEL, ce qui a suscité une forte opposition en Allemagne.[29]
La société Techsnabeksport (TENEX) de Rosatom est responsable du commerce mondial des produits de la chaîne du combustible nucléaire. TENEX dispose d’un réseau de filiales à l’étranger, notamment en Corée du Sud, au Japon, au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Suisse, qui commercialisent les produits Rosatom dans le monde entier. [30]
2.1.3 Autres responsabilités de Rosatom
Outre l’exploitation minière, le traitement de l’uranium, et la production et le commerce de combustible, Rosatom dispose d’un département d’ingénierie mécanique, exploite le parc nucléaire russe et possède un département dédié aux « solutions écologiques » qui gère notamment des programmes de sécurité nucléaire ou de gestion des déchets radioactifs et de « l’héritage nucléaire » de la Russie.[31] Rosatom est également l’opérateur infrastructurel du passage du Nord-Est, où naviguent notamment les seuls brise-glaces à propulsion nucléaire au monde, et est responsable de programmes scientifiques et éducatifs à grande échelle liés à l’industrie nucléaire. Il est à noter que Rosatom est responsable du complexe d’armes nucléaires de la Russie, qui constitue le plus grand arsenal de têtes nucléaires au monde.[32]
Ce lien institutionnel direct entre le programme nucléaire militaire et non militaire est inhabituel en occident et passe parfois inaperçu dans le débat public: Rosatom n’est pas simplement un partenaire commercial d’un État en guerre, mais est directement et indirectement impliqué dans des actes de guerre.
2.2 Conclusion intermédiaire
de l’enrichissement, parmi les trois premiers dans le domaine de l’extraction d’uranium, parmi les quatre premiers dans la production de combustible, leader du marché de la construction de centrales nucléaires à l’étranger, responsable du passage nord-est et donc acteur clé de l’avenir des hydrocarbures russes, responsable du programme nucléaire militaire russe, gérant la centrale nucléaire occupée de Zaporizhija et jusqu’à présent peu sanctionné. Les exceptions sont les nouvelles sanctions sur les importations d’uranium aux États-Unis et Atomflot, qui figure depuis février 2023 sur la liste des sanctions de l’UE et du Royaume-Uni, qui sanctionne la direction de Rosatom et certaines entreprises du groupe. La dépendance massive de l’industrie nucléaire mondiale à l’égard de Rosatom est responsable de cette situation intenable. Compte tenu de la puissance commerciale et des multiples implications via des participations, des sous-traitants, etc., une industrie nucléaire totalement indépendante de Rosatom est aujourd’hui difficilement envisageable.
Ceux qui disent oui à l’énergie nucléaire disent donc oui à des dépendances qui se manifestent souvent sous la forme de contrats léonins à long terme. Ce faisant, ils acceptent de se retrouver du côté d’un Etat guerrier. Dans le cas de Rosatom, il ne s’agit pas simplement d’une entreprise détenue par un État guerrier, mais d’une entreprise qui participe directement et indirectement à une guerre contraire au droit international.
3. Rosatom en Suisse
3.1 Approvisionnement en combustible
Axpo s’approvisionne entièrement en combustible russe pour Beznau et pour moitié pour Leibstadt, sans que l’on sache clairement quels maillons de la chaîne d’approvisionnement relèvent de la responsabilité de la Russie. Les éléments combustibles eux-mêmes sont actuellement acheminés vers la Suisse via l’Allemagne. Il semble évident qu’ils sont fabriqués dans l’usine Framatome de Lingen. On ne sait pas exactement dans quelle mesure de l’uranium traité et enrichi en Russie ou simplement de l’uranium provenant de mines russes et traité ailleurs est utilisé. Bien que le sujet soit présent dans l’opinion publique, son ampleur ne semble pas toujours être tout à fait claire: 15 % de l’électricité suisse provient d’uranium russe.
Le Tagesanzeiger écrit à ce sujet: « Les exploitants ne précisent pas d’où provient exactement l’uranium russe utilisé à Leibstadt, dont Axpo est l’actionnaire principal. Selon les informations dont dispose ce journal, au moins une partie de l’uranium enrichi utilisé à Leibstadt ces dernières années provenait de mines appartenant à des filiales du groupe public russe Rosatom. Dans le cas de Beznau, l’uranium provient probablement du complexe nucléaire sibérien de Seversk. En 2014, Axpo avait en tout cas annoncé son intention de s’approvisionner à l’avenir auprès de cette source». [33]
3.2 Quantités et valeurs importées
Il est certain qu’Axpo continue actuellement d’acheter des éléments combustibles à Framatome et restera ainsi liée à des fournisseurs russes au moins jusqu’en 2030. La centrale nucléaire de Beznau achète en moyenne 40 éléments combustibles par an.[34] Chaque tranche utilise 121 éléments combustibles, qui peuvent être utilisés pendant environ 6 ans, la quantité nominale de recharge par tranche étant de 20 éléments combustibles neufs.[35] La masse totale d’uranium par tranche est d’environ 40 tonnes, ce qui signifie qu’environ 6,6 tonnes d’uranium enrichi sont consommées par bloc et par an, ce qui correspond à l’uranium contenu dans les 20 éléments combustibles neufs mentionnés et aux 14 168 t kgU mentionnées dans la liste d’exportation allemande.[36] Cela signifie que pour la période du 7 mars 2024 au 6 mars 2025, Axpo a commandé à Framatome environ la quantité consommée en un an et que, par conséquent, 14 tonnes supplémentaires d’uranium russe seront acheminées à Döttingen / Beznau pendant cette période.[37]
Le cœur du réacteur de la centrale nucléaire de Leibstadt contient 648 éléments combustibles, qui restent cinq ou six ans dans le réacteur. La consommation annuelle d’uranium enrichi à Leibstadt s’élève à environ 23 tonnes. L’année dernière (de juin 2022 à juin 2023), ce qui correspond à environ 14,2 tonnes d’uranium enrichi, soit nettement moins que les années précédentes. Pour l’année 2024, les données ne seront communiquées qu’en juin, car c’est à ce moment-là que la centrale nucléaire de Leibstadt demande son autorisation d’exportation.[38]
Selon le Uranium Redbook de l’AIEA, la Suisse avait en 2020 un besoin en uranium de 480 tonnes, ce qui correspond à environ 50 tonnes d’uranium enrichi, soit les besoins décrits ci-dessus pour Leibstadt et Beznau, plus les besoins d’environ 20 tonnes pour Gösgen [39] La Suisse a également produit environ 23 TWh d’électricité nucléaire en 2020. En gros, on peut donc dire que chaque TWh d’électricité consommée nécessite 2 tonnes d’uranium enrichi, dont la production nécessite à son tour environ 20 tonnes d’uranium naturel. Pour extraire une tonne d’uranium naturel, il faut en outre environ 1000 tonnes de minerais contenant de l’uranium provenant de la croûte terrestre, car les minerais extraits ne contiennent en moyenne qu’environ 0,1 % d’uranium. En gros, il faut donc 20 000 tonnes de minerai d’uranium par TWh d’électricité.[40]
L’origine réelle de l’uranium, les étapes de traitement exactes et les acteurs impliqués, qui en profite et qui en souffre, ne sont pas clairs. En Suisse, il n’existe aucune obligation légale d’assurer la transparence de la chaîne d’approvisionnement en uranium. Des initiatives politiques en ce sens ont été prises pour la dernière fois en 2011, mais elles ont échoué.[41] Il reste donc beaucoup de spéculations à ce sujet.
Ce qui est certain, c’est que l’électricité nucléaire dépend à 100 % des importations de combustible étranger et que l’uranium russe représente aujourd’hui 45 % de l’électricité nucléaire produite en Suisse.
Selon la base de données suisse sur les importations Swissimpex, la Suisse importe en moyenne environ 90 tonnes d’éléments combustibles pour les centrales nucléaires depuis 2011.[42] La valeur moyenne de ces marchandises s’élève à 107 millions de francs suisses.[43] Ces dernières années, les éléments combustibles ont été importés des États-Unis, de Russie, de Suède ou d’Allemagne. Cependant, le partenaire commercial pour les éléments combustibles n’est pas nécessairement identique au lieu d’origine de l’uranium utilisé. Ainsi, l’usine suédoise de Västerås et l’usine allemande de Lingen ont produit des éléments combustibles à partir d’uranium russe. Là encore, la chaîne d’approvisionnement manque de transparence totale.
Toutefois, au moins pour les importations directes d’éléments combustibles en provenance de Russie mises en évidence dans le diagramme, l’ensemble du processus de fabrication devrait avoir été réalisé sous la responsabilité du groupe Rosatom – les éléments combustibles devraient avoir été fabriqués par MSZ Elektrostal. Mais même les éléments combustibles provenant d’Allemagne et éventuellement de Suède contiennent, selon les déclarations sur l’origine de l’uranium de leurs centrales nucléaires, de l’uranium russe et créent ainsi de la valeur ajoutée pour le groupe Rosatom, directement chargé de missions militaires.
Ces statistiques concernent les éléments combustibles finis. Le fait que la quantité moyenne importée soit supérieure à la consommation annuelle actuelle s’explique par la fermeture de la centrale nucléaire de Mühleberg. Une petite partie du combustible devrait en outre être utilisée pour des réacteurs de recherche. Le rapport entre les éléments combustibles et l’uranium enrichi qu’ils contiennent peut être représenté approximativement comme suit:
Lorsque Axpo indique que tout l’uranium destiné à Beznau et la moitié de celui destiné à Leibstadt proviennent de Russie, cela signifie que les centrales nucléaires suisses achètent en moyenne près de 25 tonnes d’uranium enrichi d’origine russe par an. Cela correspond également aux données du BMUV et aux informations fournies dans les avis techniques de sécurité relatifs aux PSÜ.[49]
En partant du principe qu’il faut environ 250 tonnes d’uranium naturel pour cela et que le prix du marché est de 100 CHF/lb, cela signifie qu’Axpo achète chaque année pour environ 50 millions de CHF d’uranium russe, sans que l’on sache toutefois où l’enrichissement a lieu. Si cette étape de la chaîne de valeur passe également par la Russie, cela entraîne bien sûr des coûts supplémentaires.
La centrale nucléaire de Leibstadt indique dans ses rapports annuels des coûts annuels de combustible d’environ 50 millions de CHF [50].Les deux réacteurs de Beznau consomment un peu plus de la moitié de ce que consomme Leibstadt, mais on ne dispose pas de chiffres concrets pour Beznau. Les données accessibles au public ne permettent pas de déterminer avec certitude le montant effectif versé par Axpo aux entreprises de Rosatom. Toutefois, sur la base des considérations présentées ici et des données disponibles, le flux financier devrait se situer dans une fourchette de plusieurs dizaines de millions de francs suisses – 50 millions de francs suisses par an constituent au moins une approximation plausible.
Ce flux financier est certes remarquable, mais pas gigantesque. Il est néanmoins frappant de constater qu’Axpo, qui appartient entièrement aux cantons et donc aux pouvoirs publics, envoie chaque année autant d’argent à la Russie. Cela est d’autant plus choquant que le destinataire, le géant nucléaire russe Rosatom, joue un rôle sans ambiguïté dans le système Poutine et est même directement impliqué dans la guerre en Ukraine.
3.3 Relations commerciales
Dans la base de données suisse sur les importations, la Russie apparaît régulièrement jusqu’en 2021 comme un partenaire commercial direct pour les éléments combustibles, c’est-à-dire non seulement comme fournisseur d’uranium, mais aussi comme fournisseur de combustible nucléaire prêt à l’emploi. Outre l’uranium contenu dans le Framatome-BE importé via l’Allemagne, Axpo a également acheté directement à la Russie des produits de la chaîne du combustible nucléaire, du moins dans le passé.[51] Il ressort de la dernière prise de position de l’IFSN sur la centrale nucléaire de Beznau que l’usine MSZ Elektrostal (Mashinostroitelnyj zavod Elektrostal ; Elemash) a été le principal sous-traitant pour le combustible de Beznau : « Au cours de la période examinée, les éléments combustibles ont été achetés exclusivement auprès d’AREVA.
Les différents composants sont fabriqués soit dans les usines d’AREVA, soit chez des sous-traitants qualifiés. Le principal sous-traitant est MSZ, où sont fabriquées les pastilles de combustible. MSZ assure également la fabrication des barres de combustible et l’assemblage final des composants principaux livrés par AREVA (squelettes, têtes, pieds). »[52] L’usine russe elle-même indique également qu’elle fabrique depuis des décennies des éléments combustibles en coopération avec Siemens et Areva (aujourd’hui Framatome) et qu’elle les livre notamment en Suisse. Les centrales nucléaires de Gösgen et de Leibstadt ne fournissent aucune information concrète sur leurs sous-traitants. En moyenne, les importations suisses de combustible nucléaire en provenance de Russie s’élevaient à environ 20 tonnes par an jusqu’en 2021. Le rôle actuel de MSZ dans la chaîne d’approvisionnement des centrales nucléaires suisses n’est pas tout à fait clair. Ce qui est clair, en revanche, c’est que MSZ est directement liée à l’appareil militaire russe.[54] La coopération avec la centrale nucléaire de Beznau ne se résume donc pas à une simple relation commerciale inoffensive avec la Russie, mais d’une dépendance vis-à-vis d’une entreprise directement impliquée dans la machine de guerre russe.
On ne sait pas exactement comment Axpo a organisé ses contrats d’uranium avec la Russie, y compris les pénalités contractuelles colossales qui semblent lier l’entreprise à la Russie jusqu’en 2030. Au sein de l’empire Rosatom, c’est généralement la filiale Technsnabeksport (TENEX) qui est responsable de la commercialisation et du négoce des produits de la chaîne du combustible nucléaire. Une partie des opérations de commerce extérieur est effectuée par des filiales de TENEX basées à l’étranger, notamment en Suisse. Outre l’approvisionnement direct en combustible, Rosatom a un deuxième domaine d’activité en Suisse avec sa succursale commerciale, qui n’a jusqu’à présent pas du tout fait l’objet d’un débat public, mais qui génère des flux financiers, principalement dans le commerce de transit.
En avril 2024, la NZZ écrit que le volume des échanges de matières premières achetées à la Russie a considérablement diminué en 2023, pour s’établir à environ 18,5 milliards.[55] Cela résulte des sanctions imposées à l’industrie pétrolière et gazière. Le commerce (de transit) des produits de la chaîne du combustible nucléaire n’est pas concerné et devrait gagner en importance compte tenu du rôle joué par l’empire Rosatom dans le contournement des sanctions.
4. Conclusion
Contrairement à ce que certains prétendent, l’énergie nucléaire n’est pas une énergie locale. L’industrie nucléaire suisse dépend à 100 % de l’étranger et à 45 % de la Russie pour le combustible destiné aux centrales nucléaires. Pour l’ensemble de la production d’électricité en Suisse, la dépendance vis-à-vis du combustible nucléaire russe s’élève à 15 %.
Rosatom tire profit de ses activités avec l’industrie nucléaire suisse. Fondamentalement, Rosatom n’est pas un partenaire commercial ordinaire. En tant que gardienne des forces nucléaires russes, Rosatom assume une responsabilité militaire gigantesque et participe activement à la guerre d’agression contre l’Ukraine, contraire au droit international. Pour compliquer encore les choses, la stratégie de diversification du groupe montre de plus en plus clairement que le géant nucléaire cherche à contourner les sanctions.
Axpo a réaffirmé son intention d’honorer les contrats conclus avec des fournisseurs russes jusqu’en 2030, puis de changer de fournisseur (dans six (!) ans). Les dommages causés sont énormes, même si les flux financiers effectifs ne sont pas colossaux. Tant que Rosatom est accepté comme partenaire commercial de l’industrie nucléaire suisse, Axpo légitime les opérations plus que douteuses de ce groupe. De plus, il ne suffit pas de renoncer à l’achat direct d’uranium en Russie. Rosatom devrait plutôt être complètement exclu de la chaîne de valeur de l’industrie nucléaire suisse. Compte tenu de l’énorme puissance du groupe sur le marché mondial, cela ne devrait pas être facile. Il est donc d’autant plus urgent d’exiger une transparence totale et publique sur les chaînes d’approvisionnement, y compris toutes les participations.
Il est aujourd’hui difficile d’imaginer une industrie nucléaire sans Rosatom. Le groupe est trop dominant et trop diversifié sur le marché mondial. C’est précisément ce dont il est question dans le débat sur l’avenir de l’énergie nucléaire en Suisse ne doit pas faire oublier les dépendances inhérentes aux décisions fondamentales en matière de politique énergétique. À l’heure actuelle, Rosatom est le leader incontesté, en particulier dans le domaine des combustibles hautement enrichis, dont ont besoin de nombreux réacteurs de conception dite nouvelle. La décision concernant l’approvisionnement énergétique de demain est aussi, et surtout, une décision concernant les dépendances souhaitées et non souhaitées vis-à-vis d’autres États. Dans l’industrie nucléaire en particulier, les contrats à long terme assortis de pénalités conventionnelles élevées sont courants et difficilement contournables à l’avenir. L’électricité nucléaire est et restera toujours un produit d’importation en raison du combustible utilisé. Prôner le retour à l’énergie nucléaire au nom de l’indépendance vis-à-vis de l’étranger est non seulement déloyal, mais aussi dangereux pour l’approvisionnement électrique de la Suisse et pour la crédibilité de l’Europe et de la Suisse dans leurs relations avec des États qui violent ouvertement le droit international.
Notes
1 Rosatom State Atomiс Energy Corporation ROSATOM leader mondial des technologies nucléaires énergie nucléaire,« https://www.rosatom.ru/en/rosatom-group/ », situation en août 2024.
2 Performance de la Société d’État pour l’énergie atomique Rosatom 2022, p. 62. En ligne: « https://report.rosatom.ru/go_eng/go_rosatom_eng_2022/rosatom_2022_eng.pdf », état au 02/06/2024. 3 Performance of State Atomic Anergy Corporation Rosatom 2022, p. 25-26 ; Dolzikova : Power Plays : Developments in Russian Enriched Uranium Trade, p. 9-13.
4 Ibid., p. 16.
5 Nuclear Notebook, Bulletin of the Atomic Scientists, « https://thebulletin.org/nuclear-notebook/ », état au 01/05/2024.
6 Dolzikova, Darya : Power Plays : Developments in Russian Enriched Uranium Trade, dans, p. 14-16.
7 Ibid., p. 14-15.
8 5 Facts about Rosatom threats of further cooperation with the Russian Corporation. En ligne : « https://dixigroup.org/wp-content/uploads/2024/02/dixi-group-alert_five-facts-about-rosatom_.pdf », état au 02/05/2024 ; Kendall-Taylor, Andrea : Charting a Transatlantic Approach to Russia, dans : Center for a New American Security Reports, Washington, États-Unis, 28 septembre 2023, p. 10. En ligne: «https://www.proquest.com/politicalscience/docview/2870299527/abstract/7284B63DCB1242EAPQ/2 », consulté le 31 mai 2024 ; Doggett, Lloyd : Russia’s Rosatom Fuels Putin’s War Machine, Foreign Policy, 22 mai 2024, « https://foreignpolicy.com/2024/04/09/russia-rosatom-nuclear-uranium-sanctions-war-putin-ukraine/ », consulté le 24 avril 2024.
9 Dolzikova : Power Plays: Developments in Russian Enriched Uranium Trade, p. 14.
10 Interdiction des importations de produits à base d’uranium en provenance de la Fédération de Russie. Communiqué de presse du 14 mai 2024. En ligne: « https://www.state.gov/prohibiting-imports-of-uranium-products-from-the-russian-federation/ », consulté le 13/08/2024.
11 Dolzikova: Power Plays : Developments in Russian Enriched Uranium Trade, p. 14.
12 Performance of State Atomic Anergy Corporation Rosatom 2022, p. 111.
13 Profil d’entreprise MarketLine : Uranium One Inc. Profil d’entreprise MarketLine d’Uranium One Inc., 8 février 2023, Profil d’entreprise MarketLine d’Uranium One Inc., Profil d’entreprise MarketLine d’Uranium One Inc., MarketLine, une entreprise Progressive Digital Media, 8 février 2023, p. 1-14. En ligne : «https://search.ebscohost.com/login.aspx?direct=true&db=bsu&AN=163315531&site=bsi-live», état au 30 avril 2024 ; Performance de la State Atomic Energy Corporation Rosatom 2022, p. 111-115.
14 Performance de la société d’État Atomic Energy Corporation Rosatom 2022, p. 193.
15 Rosatom-during-the-war-in-Ukraine.pdf, p. 10. En ligne : « https://network.bellona.org/content/uploads/sites/3/2023/12/Rosatom-during-the-war-in-Ukraine.pdf », , consulté le 30 avril 2024.
16 Ibid., p. 9 ; 2023 - Uranium Kazatomprom’s Major Deals With CNNC and R.pdf, p. 1-2. En ligne : « https://ecfr.eu/wp-content/uploads/2023/05/Kazatomprom-Deals-with-CNNC-and-Rosatom.pdf », consulté le 30 avril 2024.
17 Fondation Bellona (éd.) : Rosatom pendant la guerre en Ukraine : comment s’est déroulée la militarisation du géant nucléaire russe, p. 10. En ligne : « https://network.bellona.org/content/uploads/sites/3/2023/12/Rosatom-during-the-war-in-Ukraine.pdf », état au 30 avril 2024.
18 Ibid.
19 Performance of State Atomic Anergy Corporation Rosatom 2022, p. 115.
20 Rosatom-during-the-war-in-Ukraine.pdf, p. 11.
21 Belgique, Bureau central, NucNet a s b l , Bruxelles : Nuclear Fuel / Sweden’s Vattenfall Signs Long-Term Deals With Westinghouse And Framatome, The Independent Global Nuclear News Agency, 30/03/2022, « https://www.nucnet.org/news/sweden-s-vattenfall-signs-long-term-deals-with-westinghouse-and-framatome-5-4-2022 », consulté le 02/06/2024.
22 Agence d’approvisionnement d’Euratom – Rapport annuel 2022, p. 4.
23 Digges, Charles : « Europe doubled its import of Russian nuclear fuel for 2023, data say », Bellona.org, 15/03/2024, « https://bellona.org/news/nuclear-issues/2024-03-europe-russian-nuclear-fuel », consulté le 01/05/2024.
24 Минторг США сообщил, что РФ в 2023 году продала в страну уран на сумму более $1,2 млрд, TACC, « https://tass.ru/ekonomika/19932767 », consulté le 02/05/2024.
25 Digges : Selon les données, l’Europe a doublé ses importations de combustible nucléaire russe pour 2023.
26 Le Sénat américain approuve un projet de loi visant à interdire les importations d’uranium russe, dans : Reuters, 01/05/2024. En ligne : « https://www.reuters.com/world/us/us-senate-approves-bill-ban-russian-uranium-imports-2024-05-01/ », consulté le 02/05/2024.
27 Le projet de loi visant à interdire les importations d’uranium russe est soumis au président, « https://www.ans.org/news/article-6004/bill-to-ban-russian-uranium-imports-heads-to-president/ », consulté le 02/05/2024.
28 Rosatom-during-the-war-in-Ukraine.pdf, p. 12 ; Schneider et Froggatt - 2021 - The World Nuclear Industry Status Report 2019.pdf, p. 60. En ligne : « https://www.worldnuclearreport.org/IMG/pdf/wnisr2023-v5.pdf », consulté le 01/05/2024.
29 Voir par exemple mdr.de : Kemfert : le gouvernement fédéral doit empêcher l’accord nucléaire avec la Russie | MDR.DE, « https://www.mdr.de/nachrichten/deutschland/wirtschaft/kemfert-beteiligung-russland-brennelemente-hersteller-100.html », état au 01/05/2024.
30 Voir ci-dessous.
31 The-Russian-nuclear-industry-during-wartime-2022-and-early-2023.pdf. En ligne: « https://network.bellona.org/content/uploads/sites/3/2023/11/The-Russian-nuclear-industry-during-wartime-2022-and-early-2023.pdf », consulté le 30/04/2024.
32 Russian nuclear weapons, 2024, Bulletin of the Atomic Scientists, « https://thebulletin.org/premium/2024-03/russian-nuclear-weapons-2024/ », consulté le 02/06/2024.
33 Matériau pour barres de combustible – Les centrales nucléaires suisses s’approvisionnent en uranium en Russie, Tages-Anzeiger, 01/03/2022, « https://www.tagesanzeiger.ch/schweizer-kernkraftwerke-beziehen-uran-aus-russland-917246134946 », état au 01/05/2024.
34 Avis technique de sécurité concernant le contrôle périodique de sécurité de la centrale nucléaire de Beznau, p. PDF p. 116.
35 Ibid., p. 55.
36 Ministère fédéral allemand de l’Environnement : BMUV informe sur l’exportation d’éléments combustibles, Ministère fédéral allemand de l’Environnement, de la Protection de la nature, de la Sûreté nucléaire et de la Protection des consommateurs, « https://www.bmuv.de/WS5422 », version du 01/05/2024.
37 Ibid.
38 Autorisations d’exportation conformément à l’article 3 de la loi atomique, in.
39 AG, centrale nucléaire de Göschenen-Däniken : matière première uranium, centrale nucléaire de Göschenen-Däniken AG, « https://www.kkg.ch/de/wissen/uran-radioaktivitaet/rohstoff-uran-1130.html », état au 03/05/2024 ; Uranium 2022 : Resources, Production and Demand, p. 100.
40 Selon les informations fournies par la centrale nucléaire de Mühleberg, 190 tonnes d’uranium naturel suffisent pour produire 26 tonnes d’uranium enrichi. La loi sur l’énergie nucléaire (LENu) mentionne quant à elle 200 tonnes d’uranium naturel pour 20 tonnes d’uranium enrichi. Les chiffres de la LENu semblent être les plus courants.
41 11.3758 | Plus de transparence sur l’origine des combustibles destinés aux centrales nucléaires suisses | Affaires | Parlement suisse, « https://www.parlament.ch/de/ratsbetrieb/suche-curia-vista/geschaeft?AffairId=20113758 », état au 01.06.2024.
42 Données Swissimpex sur les importations de BE depuis 2011. En ligne: « https://www.gate.ezv.admin.ch/swissimpex/resources/open/5bc95b36-4b82-400a-a5bc-09d0c4d93cea/ », état au 03/05/2024.
43 Ibid.
44 McGinnes, D F : Model Radioactive Waste Inventory for Reprocessing Waste and Spent Fuel, dans, 2002, p. 11.
45 Ibid. ; kgIHM = initial heavy metal, c’est-à-dire le poids du métal lourd contenu – ici l’uranium – avant l’irradiation dans le réacteur.
46 Avis technique de sécurité concernant le contrôle périodique de la sécurité de la centrale nucléaire de Beznau.
47 AG, centrale nucléaire de Göschenen-Däniken : principales données techniques de la centrale nucléaire de Göschenen, centrale nucléaire de Göschenen-Däniken AG, « https://www.kkg.ch/de/technik/technische-hauptdaten.html », version du 03/06/2024. 48 Centrale nucléaire de Leibstadt : description technique, p. 26.
49 Voir ci-dessus.
50 Rapport annuel de la centrale nucléaire de Leibstadt 2022, 2023.
51 Les États-Unis et la Suède sont les deux autres partenaires commerciaux pour l’importation suisse de combustible nucléaire.
52 Avis technique de sécurité concernant le contrôle périodique de sécurité de la centrale nucléaire de Beznau, p. 63.
53 PWR and BWR Fuel, « http://www.elemash.ru/en/products/pwr-and-bwr-fuel.php », état au 06/05/2024.
54 SWR, Nick Schader : Des matières radioactives allemandes pour une entreprise militaire russe ?, tagesschau.de, « https://www.tagesschau.de/investigativ/swr/uran-brennelemente-deutschland-russland-100.html », consulté le 07/05/2024.55 Hosp, Gerald : Commerce suisse des matières premières : les sanctions contre la Russie transforment le secteur, dans : Neue Zürcher Zeitung, 13 avril 2024. En ligne : « https://www.nzz.ch/wirtschaft/der-rohstoffhandel-in-der-schweiz-blueht-auch-ohne-russland-ld.1825561 », état au 31 mai 2024. Les données proviennent de la BNS : https://data.snb.ch/de/topics/aube/chart/bopmercatach ou https://data.snb.ch/de/topics/aube/cube/bopmercoua?dimSel=D0(RF)
55 Hosp, Gerald : Commerce suisse des matières premières : les sanctions contre la Russie bouleversent le secteur, dans : Neue Zürcher Zeitung, 13 avril 2024. En ligne : « https://www.nzz.ch/wirtschaft/der-rohstoffhandel-in-der-schweiz-blueht-auch-ohne-russland-ld.1825561 », état au 31 mai 2024. Les données proviennent de la BNS : https://data.snb.ch/de/topics/aube/chart/bopmercatach ou https://data.snb.ch/de/topics/aube/cube/bopmercoua?dimSel=D0(RF)