Illusion de sécurité à Gösgen

Un rapport d’expertise révèle un risque de fusion nucléaire depuis des décennies

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Une expertise indépendante mandatée par la Fondation Énergie (SES) le confirme : depuis sa mise en service en 1979, la centrale nucléaire de Gösgen présente une faille de sécurité fondamentale. En cas d’incident, le refroidissement du réacteur risquerait de tomber en panne. Conséquence possible : des dommages nucléaires graves pouvant aller jusqu’à la fusion du cœur. La Suisse doit enfin abandonner cette technologie dangereuse. Les énergies renouvelables offrent aujourd’hui des alternatives plus sûres.

Depuis sa mise en service il y a plus de 40 ans, la centrale nucléaire de Gösgen présente un risque pour la sécurité. Le quotidien «Tages-Anzeiger» en fait état aujourd’hui. Le système d’alimentation en eau ne dispose pas de clapets anti-retour amortis qui empêchent les coups de bélier dangereux.

Aperçu des points critiques:

— Risque de fusion du cœur : si une conduite du système d’alimentation en eau se rompt, une vanne non amortie se ferme brusquement. Il en résulte un choc de pression massif dans les conduites encore intactes. Ce phénomène peut causer des dommages supplémentaires, surcharger les supports de tuyauterie et compromettre aussitôt le refroidissement du réacteur. Il pourrait en résulter une fusion du cœur et le rejet de matières radioactives, représentant un risque grave pour la sécurité des personnes et l’environnement, en Suisse et au-delà.

— Risque en cas d’ingérences extérieures : la situation devient particulièrement incontrôlable lorsque ce défaut est combiné à des événements extérieurs tels qu’un tremblement de terre. Dans ce cas, il y a un fort risque que les limites de charges soient atteintes ou dépassées, augmentant ainsi encore davantage la perte de contrôle du refroidissement du cœur.

— Jouer avec la sécurité : dans les centrales nucléaires de conception similaire, des clapets anti-retour amortisseurs ont été installés dès le départ dans le système d’alimentation en eau. Ce n’est cependant pas le cas à la centrale nucléaire de Gösgen. La raison pour laquelle les responsables ont dérogé à cette norme de sécurité, déjà reconnue à l’époque, reste discutable. Il est encore plus étrange que les autres centrales nucléaires suisses, Beznau et Leibstadt, aient depuis longtemps installé de tels clapets amortisseurs. 

— Une évaluation des risques discutable : le constat tardif d’une évaluation correcte de ce risque soulève des questions importantes en matière de pratiques de sécurité. L’expertise montre pourtant que les méthodes nécessaires à une telle analyse de sécurité existaient déjà bien avant le début des années 2000.

Stephanie Eger, responsable du secteur Énergie nucléaire à la Fondation Énergie commente la situation comme suit : « Il est scandaleux que la centrale nucléaire de Gösgen soit exploitée depuis sa mise en service avec une faille potentiellement aussi catastrophique. Cette technologie revient à jouer avec le feu. »

On peut se passer de Gösgen

Bien que la centrale nucléaire de Gösgen soit à l’arrêt depuis six mois, la Suisse ne connaît aucune difficulté d’approvisionnement, même pendant le mois de novembre, plus frais. Les importations et les exportations d’électricité se situent dans la fourchette normale (source : tableau de bord énergétique, Office fédéral de l’énergie).
 

Miser sur des alternatives sûres 

Toutes les centrales nucléaires suisses fonctionnent depuis trop longtemps. Outre les éventuelles erreurs d’appréciation, l’âge accru des installations entraîne une augmentation des défauts et des risques. La Suisse ne doit pas avoir à composer avec cette situation incertaine pendant encore plusieurs décennies. Notre sécurité ne peut être garantie que si le système électrique passe rapidement et complètement aux énergies renouvelables.

Stephanie Eger, de la Fondation Énergie, précise : « Une installation solaire ou éolienne peut aussi être endommagée, mais cela ne met pas pour autant tout le pays et la moitié du continent en danger immédiat. »

Informations supplémentaires 
Contact

Thierry Monnin 
Responsable de la communication en Suisse romande
T.: +41 43 321 35 89, thierry.monnin@fondationenergie.ch

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